C’est une date fatidique, symbole de la pression exercée par les humains sur la planète. Cette année, le « jour du dépassement de la Terre », qui marque le jour où l’humanité a consommé toutes les ressources que les écosystèmes peuvent produire en une année, devrait tomber le 22 août 2020, soit trois semaines plus tard qu’en 2019 (29 juillet), selon le Global Footprint Network, un institut de recherches international établi en Californie (Etats-Unis).
Ce recul, qui constitue un « renversement historique » par rapport à la tendance à long terme d’augmentation de l’empreinte écologique mondiale, s’explique par les mesures de confinement qui ont été mises en place à travers le monde en réponse à la pandémie de Covid-19. Ces calculs présentent toutefois de fortes incertitudes.
« Cela montre que des changements importants et rapides sont possibles. Mais cette réduction de notre empreinte écologique est imposée et non voulue, et comme elle ne s’accompagne pas d’un changement systémique dans nos modes de production et de consommation, elle ne va pas durer », juge Mathis Wackernagel, le président du Global Footprint Network.
Selon les calculs de l’institut, il faudra, en 2020, l’équivalent de 1,6 planète pour assouvir nos besoins, qu’il s’agisse de boire, de manger, de nous chauffer ou de nous déplacer. Conséquence : la déforestation, le déclin de la biodiversité ou l’élévation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère vont continuer d’affecter l’ensemble du globe.
« C’est un chiffre optimiste »
Le « jour du dépassement de la Terre » est calculé chaque année grâce à plus de 15 000 données des Nations unies, qui sont complétées par d’autres indicateurs pour être les plus à jour possible. « Les données sont moins robustes cette année en raison des incertitudes liées à l’impact du Covid-19 », reconnaît Mathis Wackernagel.
En se fondant notamment sur les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie, le Global Footprint Network anticipe une baisse de 14,5 % de l’empreinte carbone sur l’année. Pour parvenir à ce résultat, les experts ont estimé que la consommation d’énergie allait diminuer de 9,5 % sur la période allant du 1er janvier au « jour du dépassement » comparé à 2019, entraînant une baisse des émissions mondiales de CO2 de 12,5 % sur la même période.
« C’est un chiffre optimiste », estime le climatologue Philippe Ciais (Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement), coauteur d’une étude soumise à Nature montrant que les émissions ont baissé de 10,3 % entre le 1er janvier et le 15 mai. « Cela va dépendre de la façon dont se fait la relance économique, indique-t-il. Or, les dernières données provenant de Chine montrent que les émissions issues de l’industrie sont reparties à la hausse depuis la fin du confinement en mars, dépassant légèrement les niveaux de 2019. »
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